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& dechaſſé, que de perdre la vie pour euiter vn ſi grand inconuenient, il ſ’aduiſa de ce beau traict. C’eſt qu’il ſignifia par homme expres à Dom Sebaſtien, qu’il auroit grand deſir de luy pouuoir parler, & puis que cela ne ſe pouuoit bonnement faire en ſon logis, taſcheroit de l’aller trouuer en autre lieu tel qu’il aduiſeroit. Suyuant quoy bien toſt apres ſortant ſecretement de ſa maiſon ſe tranſporta au lieu nommé, accompaigné ſeulement de deux ſeruiteurs. L’apperçeuant Dom Sebaſtien fut ſoudain eſmeu d’vne bien grande compaſſion, tant il eſtoit deffiguré, debile & decharné, à l’occaſion des afflictions & peines qu’il auoit ſouffertes, outre qu’il le voyoit en si pauure eſtat, depourueu du grand nombre des courtiſans, leſquels ordinairement il auoit à ſa ſuicte, & ſur le champ, luy dit Simon : i’ay eſcrit à mon pere, telle & telle choſe, dont ie n’attens que ou la mort ou l’exil, & banniſſement. Et puis que vous eſtes fils de Roy, & mon amy & parent ſi eſtroit, & ce qui eſt plus, Chreſtien, & d’autre part puis que ie n’ay où ie me puiſſe retirer eſtant priué de tout ſecours & faueur humain : ie vous adiure de me vouloir eſtre ſupport & ayde en ce mien trauail & affliction treſgrande. A quoy reſpondant Dom Sebaſtien l’aſſeura qu’il l’ayde-