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Royne, & Cicacata feirent les menaſſes ſuſdites, ſe perſuadant que les peres de la Compaignie feroient comme les Bonzes, & que par ce moyen l’affaire reuſſiroit ſelon leur deſir & pretendu : mais ils ſe trouuerent bien eſloignez de leur comte. Car la premiere reſponce leut ſeruit de ſeconde, ſinon qu’on y adiousta, que quant aux promeſſes, que Cicacata faiſoit de baſtir l’Egliſe, donner rentes, & faire conuertir beaucoup de gens, ſon excellence pouuoit auoir entendu qu’ayant les peres de la Compaigne abandonné leurs propres patries pour venir en pays ſi loingtain, ils n’auoient autre deſſein, que de faire vn contrechange des choſes temporelles aux choſes eternelles, & de ne tenir comte aucun, ny faire eſtime de choſe aucune que de Dieu, & de ſon S.ſeruice. Et quand aux menaſſes de ſaccager l’Egliſe, & de nous faire mourir, nous eſtions bien marris de n’auoir qu’vne ſeule vie pour l’offrir à Dieu, veu que ſi chacun de nous en auoit cent mille, il les offriroit toutes volontiers à ſa diuine maieſté. Adiousta auſſi le pere Cabral que la pourſuite que ſon excellence faiſoit de faire abandonner la foy à ſon fils, pouuoit proceder de deux raiſons, ou pour ce qu’il luy ſembloit que la loy de Dieu fuſt vile, & abiecte, ou faulſe, & non de Dieu, mais bien du diable. Mais qu’il ſe trompoit en gros : car