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repoſer ny iour, ny nuit. Tantoſt luy alloit parler vng des premiers ſeigneurs de la Cour, au nom de la Royne, & de son pere, tantoſt vn autre, & tous d’vn accord luy diſoient : Vous eſtes apres le Roy la premiere, ou ſeconde perſonne de ces royaumes. Le Roy a delibéré de vous donner la princeſſe ſa fille pour femme. Tout le royaume de Bungo obeiſt à vos commandemens. Vous auez à voſtre ſolde quinze mille hommes d’armes, & quatre vingts mille ducats de rente : tous ont les yeux ietez ſur vous. Voulez vous doncques tresbucher & dechoir d’vn ſi haut de gré d’honneur ? Ne voyez vous pas que ſi vous ne vous retirez a bonne heure de ceſte loy Chreſtiene, que non ſeulement vous ferez perte de toutes vos grandeurs, & preeminences, ains encores mettrez au hazard voſtre propre vie ? A quoy Simon reſpondit franchement, d’vne contenance aſſeurée : Ie ne fais grand eſtat d’eſtre gendre du Roy, ny d’auoir tant de rentes, n’y d’eſtre fils adoptif de Cicacata, ny de marcher accompaigné de tant de mille hommes de guerre, ny finablement d’eſtre ſeigneur du royaume de Bungo : Ie deſie ſeulement viure Chreſtien. Voyla tout mon ſouuerain plaiſir & contentement, encore qu’au reſte ie deuſſe eſtre traité, comme vn