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lettres

ſembloit, qu’il feroit bien d’exhorter auecques vn petit mot de lettre ledit Cicatora de donner contentement & ſatisfaction à ſon pere. Ce que noſtredit frere fit par permiſſion du pere Cabral, luy eſcriuant, que hormis les choſes, qui eſtoient contre la loy de Dieu, & le ſalut de ſon ame, il eſtoit obligé d’obéir en tout, & par tout à ſon pere, nonobſtant qu’il fuſt Gentil : & que pour l’obeiſſance du pere, & ſeruice de ſon Roy il ne deuoit eſpargner ſa propre vie, quand l’importance du fait le requeroit. On luy porta ceſte lettre, & l’ayant leuë il ſe la mit ſur ſa teſte en pleurant, & puis en ſon ſein, diſant, qu’il ne faudroit de faire tout ce qu’on luy venoit d’eſcrire : & reſcriuit remerciant grandement des bons aduertiſſemens, & conſeils qu’on luy auoit donné. Ce que donna occaſion de treſgrande allegreſſe a ſon pere, & à toute la Cour ; voyant auec qu’elle promptitude il ſe ſoubmettoit aux conſeils de l’Egliſe, & des peres.

Depuis le retour de Cicatora en ceſte cour, le Diable ſ'eſtudioit d’exciter au pere plus grande auerſion des choſes de Dieu, & donner plus grand eſpouuantement à l’enfant. Car toutes les nuits on iettoit tant de pierres dans les logis de Cicatora, que tous en eſtoient eſpou-