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LE MIROIR DES JOURS


LE CIEL INTÉRIEUR


 
Mon cœur est comme un grand paradis de délices
Qu’un ange au glaive d’or contre le mal défend ;
Et j’habite mon cœur, pareil à quelque enfant
Chasseur de papillons, seul, parmi les calices.

Gardé des chagrins fous et des mortels supplices,
En l’asile fleuri du jardin triomphant,
Pour me désaltérer, dans le jour étouffant,
J’ai ton eau, frais ruisseau du rêve bleu, qui glisses !

Je ne sortirai plus jamais du cher enclos
Où, dans l’ombre paisible, avec les lys éclos,
Par ses parfums secrets je respire la vie.

Car la nature a mis en moi l’essentiel
Des plaisirs que je puis goûter et que j’envie :
C’est en moi que je sens mon bonheur et mon ciel !