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LE MIROIR DES JOURS


LE SONNET


 
Sonnet, qui dis beaucoup en prenant peu d’espace,
Goutte d’essence en un flacon de cristal pur ;
Humble bijou d’argent ouvragé d’un art sûr,
Qui restes, quand l’éclat hautain de l’ode passe ;

Jeu fin de poésie où l’esprit se délasse ;
Petit tableau de maître enfermant tout l’azur ;
Chose pleine et légère ainsi qu’un épi mûr ;
Étroit sonnet où l’âme immense trouve place ;

Sonnet, flûte de buis dont le quadruple son
Chante, en l’éternisant, l’émoi bref du frisson ;
Écrin de grâce où luit la perle d’une larme ;

Sonnet, gentil sonnet plus que l’or précieux,
Je te rime avec soin, te polis avec charme,
En croyant ciseler une étoile des cieux !