Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.

grand’peine, au risque de me blesser, rattachées à la cloison, se blottissaient dans le coin de leur cage avec des marques d’épouvante ; j’étais moi-même couchée, le roulis ne permettant plus de se tenir debout. La mer déferlait avec une telle violence contre les flancs du navire, que ma terreur augmentait à chaque instant. Tout à coup, un fracas épouvantable retentit sur ma tête, et je me trouvai, par une forte secousse, lancée hors de mon lit sur le plancher. Au comble de l’effroi, j’y restai à deux genoux, je me cachai la tête dans les mains : il me semblait que le navire allait s’entr’ouvrir et que nous allions être précipités dans les abîmes. Ce bruit affreux provenait de la chute du mât de misaine, entraînant avec lui les haubans ; le vent l’avait brisé au pied en tombant ; il avait blessé un matelot qu’on avait relevé dans un état déplorable. Comment le Caldera résistait-il encore ? Après quatorze heures passées dans les plus cruelles angoisses, la tempête vint pourtant à se calmer, le vent se ramollit, la mer conservait encore bien du roulis, mais cet apaisement sensible de ses fureurs nous semblait être la plus complète tranquillité.