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vives marques d’intérêt, mais il répondit avec brusquerie et comme un homme qui a honte de sa mésaventure.

Quoique cet incident n’eût occasionné aucun mal réel, il me fit une impression fâcheuse. Je trouvai que, pour le second jour de notre voyage, c’était mal débuter, et puis le chant de ces matelots anglais contribua aussi à augmenter ma tristesse. Ils accompagnaient les manœuvres par une mélodie bizarre et monotone qui ne ressemblait en rien aux airs pleins de gaîté de nos marins français. Je rentrai toute soucieuse, et, pour me distraire, je m’occupai à mettre toutes choses en ordre ; je donnai à boire et à manger à deux charmants petits oiseaux que j’avais emportés de Hong-Kong dans une cage, je les couvris de caresses je n’avais plus qu’eux à aimer.

La brise était molle, et pendant cette journée nous avançâmes lentement. Pourtant, vers le soir, le vent s’éleva, il vint à souffler de tous les points de l’horizon ; je ne pensais pas sans inquiétude à l’affreuse tempête que j’avais déjà essuyée sur l’Arturo, lors de mon arrivée en Chine. J’allai vers le capitaine Rooney, et je le questionnai ; comprenant mes ap-