Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/83

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cun a son enseigne perpendiculaire, où des lettres d’or sur un fond écarlate apprennent le nom du négociant et sa spécialité.

Sur la chaussée circule une foule compacte, bruyante, affairée. Ce sont des marchands ambulants avec leurs cris gutturaux et bizarres, des bourgeois graves et solennels, avec leur tunique flottante et leur inévitable parasol. Quelques femmes de la dernière classe du peuple apparaissent seules à longs intervalles parmi tous ces hommes.

Après une heure de marche, nous parvînmes à la demeure de M. Liwingston, lequel nous reçut de la manière la plus gracieuse, nous prévenant toutefois de ne pas trop prolonger notre séjour à Canton. Il régnait en ce moment des troubles d’insurrections dans l’intérieur aussi bien que sur les côtes, et la prudence voulait que chacun se tint sur la défensive. Les citoyens anglais n’ignoraient pas que le peuple chinois tramait sourdement contre eux des plans de révolte, et leurs prévisions étaient bien fondées, car, à la connaissance de l’Europe entière, ils ne tardèrent pas à éclater. Les actes de piraterie, en outre, pullulaient. Tout cela n’avait rien de rassurant. Ces motifs