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débris de notre dîner, à peine achevé, disparurent en un clin d’œil et les pavillons furent hissés au haut du grand mât en signe de ralliement.

Les pirates couraient çà et là, disposant tout pour une attaque. Il s’agissait encore de pillage ; mon compagnon et moi reprîmes notre rôle passif nous attendions, dans une anxiété silencieuse, des événements nouveaux ; mais Dieu ne permit pas que cette journée qui avait été si heureuse pour nous s’achevât au milieu du carnage ; ils s’aperçurent que la jonque qu’ils poursuivaient, gagnant trop le large, ne pouvait être atteinte, et ils se virent forcés de renoncer à leurs projets, ce qui dissipa les angoisses que nous éprouvions.

Vers le soir, plusieurs jonques pirates s’étant approchées les unes des autres, se touchèrent presque bord à bord, et, en bons voisins, les chefs firent des échanges de marchandises ; ils se cédèrent des provisions de bouche. Ainsi, notre capitaine acheta, entre autres, des canards tout vivants ; s’apprêtait-il à nous bien traiter encore ?

Quand la nuit fut venue, toutes les jonques se séparèrent, et la nôtre continua seule sa route.