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cuisine. Dois-je avouer que ces nouveautés culinaires, après des privations plus qu’inouïes, ne m’étaient pas désagréables ? oui, sans doute, mais il fallait que j’eusse perdu à un certain degré l’odorat essentiel, car ce qui constitue le fond de la nourriture des Chinois ne venait nullement me troubler ; et pourtant, ils sont aussi sales que les sauvages sous ce rapport, s’ils ne le sont pas plus. Ils mangent, dit-on, les chiens, les chats, les rats. Lorsqu’ils tuent les volatiles, rien n’est perdu dans ces animaux, les intestins sont lavés, raclés, essuyés, et passe sans conteste par le gosier des Chinois. Enfin, ils absorbent jusqu’à des chenilles, des sauterelles, des vers de terre, sans oublier les fameux nids d’hirondelles, dont la réputation chez eux est proverbiale.

La circonstance aidant je faisais donc bonne contenance, comme je l’ai déjà dit. Mais l’inquiétude devait bientôt succéder aux heures de repos que nous venions de goûter. Les pirates, stimulés par leur chef, s’étaient levés tout à coup avec un fort mouvement d’action ; ce dernier, en regardant dans sa longue-vue, venait d’apercevoir au loin une jonque marchande, il la signalait à toute sa bande ; les