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reuse. Je promenais mes yeux au hasard sans qu’aucune pensée occupât réellement mon esprit, lorsque j’aperçus un vieux livre, tout sale, que j’avais déjà remarqué ; il était écrit en allemand, langue qui m’était inconnue ; mais, bien que ce livre ne pût m’être d’une grande distraction, j’aimais à le retourner en tous sens, parce que c’était la seule chose qui me rappelât l’Europe. Il me vint alors à l’idée de tracer sur une des feuilles, restée blanche, un court résumé de ma position ; j’avais encore, au milieu de mon dénûment, une épingle à cheveux ; je la pris entre mes doigts, et, me servant de la pointe, j’écrivis, sur la page restée blanche, ce qui suit « J’ai été prise par des pirates chinois sur le Caldera ; ils me retiennent prisonnière. Je suis Française. Nous sommes au sixième jour, 17 octobre 1854. » Et je signai mon nom « Fanny Loviot. » Puis, sur une autre page ; j’écrivis la même chose en anglais. Pouvais-je espérer que ce livre servirait jamais à guider les recherches qu’on ferait peut-être pour me retrouver ? Hélas ! je calculais peu alors les probabilités ; je caressais des illusions qui me voilaient toute l’horreur de ma situation ; c’était pour moi une con-