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chinois achevait à peine de faire cet effort, que nous entendîmes de longs cris de douleur. Ils nous parvenaient d’une manière si effrayante dans l’obscurité, que poussions malgré nous des exclamations. Au comble de la frayeur, je pressai Than-Sing de questions, je voulais qu’il m’en expliquât la cause. Mais il garda un morne silence, et, comme j’insistais, il me répondit pour la première fois avec mauvaise humeur « Je ne sais pas. » Le brave homme, dans la crainte de m’affliger, me raconta le lendemain seulement la scène horrible qui se passait alors, et que je vais essayer de décrire.

Les pirates, après l’abordage de la jonque marchande, avaient brutalement fouillé tous les passagers. Plusieurs de ces malheureux, ayant eu l’imprudence de dire qu’ils venaient de la Californie, furent bientôt victimes de la rapacité de ces monstres. Dans le but de leur faire avouer la somme de leurs richesses, on les flagella de la manière la plus hideuse, plusieurs furent attachés par le pouce de l’un des pieds ainsi que par celui de l’une des mains à une corde qui roulait dans une poulie fixée au grand mât, et leur corps, suspendu par les extrémités délicates, fut mis en