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été qu’une feinte pour le faire parler, attendu que les hommes de sa nation ne pouvaient prendre femme que parmi celles de son pays. « Ainsi, ayez soin, ajouta-t-il, lorsque vous m’adresserez la parole de ne pas porter la main sur moi, car ils pourraient le remarquer et me faire un mauvais parti, voyant dans cette formalité une violation de cet usage. » Ces derniers mots me rassurèrent, et mes appréhensions précédentes se dissipèrent peu à peu. Il avait aussi répondu à toutes leurs instances pour connaître sa position, qu’il n’était qu’un pauvre homme allant chercher fortune en Californie, et qu’il avait obtenu un passage à bon marché à bord du Caldera, avec les matelots. Il s’était bien gardé, de leur laisser voir qu’il avait de l’aisance, de peur qu’on ne le soumît à quelques tortures et qu’on élevât de beaucoup le chiffre de sa rançon ; car il n’est pas d’atrocités que ces écumeurs de mer ne puissent commettre pour satisfaire leur cupidité. Et les habitudes de ces pirates lui étaient trop connues pour qu’il ne craignît pas à chaque instant pour notre existence. Cet estimable Chinois me parla ensuite de sa famille ; il habitait Canton, il n’avait qu’une femme, me