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polygamie, mais ils n’en abusent pas comme les mahométans. Les grands dignitaires en ont, dit-on, jusqu’à dix ou douze. Seulement dans les corps mixtes de la société, pour le négociant, par exemple, il en est à peu près de même. Le Chinois, en s’établissant, prend une femme ; sa maison vient-elle à prospérer, qu’il en prend deux, trois et plus ; c’est pour lui un signe de richesse. La première a un droit plus légitime que les autres, et ne peut être répudiée ; à elle le titre de mère pour tous les enfants qui surviennent des femmes supplémentaires, des petites femmes, comme les désignent les Chinois maris. Ces dernières donnent à leurs nouveau-nés des soins maternels mais domestiques tout à la fois, car ils doivent le respect et l’obéissance à la première épouse. Les pauvres n’en ont qu’une. Pour en revenir à mon ami Than-Sing, ils lui disaient donc avec raillerie, que si l’on n’offrait pas de nous une forte rançon, ils feraient de lui un pirate, et de moi la femme de l’un d’eux. Cette horrible confidence fut de nouveau pour moi un sujet de désolation ; mais le pauvre marchand chercha encore a me consoler, en me faisant observer que tout ce qu’ils lui avaient dit n’avait