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dans une petite baie, non loin de terre. Plusieurs jonques étaient à l’ancre à peu de distance de la nôtre. On y célébrait aussi la prière ; le son des gongs, des tams-tams arrivaient jusqu’à nous. Ce moment de liberté me fit du bien. Je reposais avec délices et amertume tout à la fois ma vue vers l’horizon ; la mer était calme, et le ciel rempli d’étoiles les plus brillantes. J’aurais oublié les souffrances de ma captivité durant ce court instant où, la nature bienfaisante semblait vouloir me consoler, s’il ne m’eût fallu bientôt rentrer dans ma prison.

J’avais de longues heures pour penser à moi-même. Quelles n’étaient pas mes craintes en songeant que j’allais fermer les yeux au milieu de ces hommes sans foi ni loi ! Je me sentais heureuse d’avoir un compagnon d’infortune auquel son âge prêtait, dans ces heures d’affliction, un caractère tout paternel.

Quoique Than-Sing fût Chinois, j’avais pris confiance en lui, car sa constance était inébranlable ; il cherchait à soutenir ma misère par des paroles de consolation. C’était pour moi un réel protecteur : « Tant qu’il sera à mes côtés, me disais-je, il éloignera peut-être les lâches tentatives de ces hommes san-