Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/145

Cette page a été validée par deux contributeurs.

jour commençait à poindre ; j’avais dormi quelques heures, et ce court sommeil avait momentanément effacé le souvenir de mes souffrances. Mais je fus bientôt rappelée à l’affreuse réalité ; à peine avais-je les yeux ouverts, que j’aperçus, à quelques pas de moi, plusieurs de ces hideux Chinois armés de sabres et de pistolets. Than-Sing discutait au milieu d’eux : il paraissait dans la plus vive agitation. Il y en avait un qui commandait les autres, car il me désignait du doigt. Je considérais cette scène avec stupeur, mais sans tressaillement de crainte, de longs jours de jeûne et de si poignantes émotions commençaient à me faire perdre le sens de ce qui se passait autour de moi. Than-Sing interpella le capitaine Rooney, en lui disant : « Le chef que voici veut vous prendre, ainsi que la dame française et moi, pour nous emmener à Macao ; là, il espère tirer de nous une bonne rançon. » Ce dernier, comprenant que cette demande du chef des pirates équivalait à un ordre, ne répondit que par un signe d’acquiescement. Aussitôt je fus saisie, secouée, entraînée sur le pont. Je n’essayai même pas de me défendre contre cet enlèvement subit, parce que, je le répète, ma raison, cette fois,