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qu’ils auraient à lutter. Des lames courtes et serrées, poussées par des courants, s’opposaient à notre marche. Un moment, je tournai les regards vers le Caldera ; sa noire silhouette semblait grandir à mesure que nous nous en éloignions ; elle se projetait dans le sillage de la chaloupe comme un bras immense toujours prêt à nous ressaisir. Haut de bord sur les flots, notre navire avait l’aspect sinistre d’un immense mausolée destiné à renfermer tous les malheureux égarés sur cette mer funeste. Hélas ! nous fûmes impuissants à le fuir. Ces avirons improvisés rendait le plus triste service. À cause de leur mauvaise forme, ils n’avaient aucune prise dans l’eau. Les vagues, en outre, entraient à profusion au point que quatre hommes suffisaient à peine à rejeter l’eau à mesure qu’elle pénétrait ; le froid d’un vent glacial commençait à nous engourdir. Nous fîmes jusqu’à trois milles dans ces tristes conditions ; enfin, après quatre heures de tentatives vaines, d’efforts surhumains, les matelots déclarèrent que leur état de faiblesse ne leur permettait pas de faire davantage pour le salut commun ; c’était un arrêt du ciel : le Caldera, que nous avions abandonné, nous forçait, pour ainsi