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mables, et elles auraient certainement suffi à mettre le feu au navire, si nos matelots ne s’étaient hâtés de les suivre, en jetant de l’eau pour les éteindre à temps. À notre grande joie, ils finirent par s’éloigner.

Quand ils furent à une assez grande distance, on se mit de nouveau à l’œuvre ; les agrès furent disposés dans la chaloupe ; elle faisait encore eau par certains endroits, mais il n’y avait plus à reculer. Personne, du reste, en ce moment solennel, n’éprouva la moindre hésitation ; il ne s’éleva aucune objection à l’encontre de cette entreprise hasardeuse. Chacun s’en remettait à la grâce de Dieu et acceptait d’avance, comme une des plus douces fins de sa triste existence, la chance d’être englouti au sein de cette mer lointaine, plutôt que de rester exposé à mourir lentement dans les tortures de la faim, ou violemment du sabre des pirates. Cependant, l’aspect du temps ne pouvait que nous ébranler dans nos résolutions, si l’espoir de recouvrer la liberté eût été moins vivace dans nos cœurs ; en effet, le ciel, qui, depuis la dernière tempête, avait gardé la plus grande sérénité, s’était peu à peu chargé de nuages ; le vent, qui