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soupi, car il tourna vivement la tête de mon côté. Je l’engageai à me suivre sur le pont, ce qu’il fit aussitôt, assez étonné de mon air mystérieux. Quand nous fûmes là, nous nous arrêtâmes pour écouter un bruit de voix qui venait de l’avant. C’était une petite jonque dont les pirates étaient encore occupés à prendre les débris du chargement. Le capitaine se pencha par-dessus le bord pour calculer les hommes qu’elle contenait ; ils pouvaient être huit à dix. Après cet examen il resta silencieux. Il paraissait réfléchir. Étonné de son silence, je l’entraînai vers la grande embarcation qui occupait le milieu du pont, et, la lui montrant, je lui dis « Eh bien capitaine, vous laissez dormir vos hommes ! » Il me regarda, cherchant à lire l’intention que j’attachais à mes paroles. Je repris aussitôt « Voulez-vous donc attendre patiemment la triste fin qui nous est réservée, en ne faisant rien pour échapper aux mains des pirates ? Je ne suis qu’une femme, moi : eh bien ! j’aimerais mieux aller au-devant de la mort et tenter quelque chose pour mon salut, que de l’attendre ici du poignard ou de la faim. Nous ne sommes qu’à vingt milles de Macao ; cette embarcation peut tous