que, cette fois encore, on nous laissait l’existence.
Les pirates commencèrent par se gorger de la cargaison d’opium, qui était le fret de notre ami Than-Sing ; le reste, consistant en riz, sucre, café, etc., fut l’ouvrage de nos matelots ; mêlés au milieu de ces voleurs, ils passaient de main en main toutes les marchandises qui se trouvaient à leur portée ; et, ces derniers, faisant la chaîne, les transportaient à leur tour, dans leurs jonques.
Dans cette nouvelle occupation, je fus comme oubliée, c’est-à-dire qu’on me laissa au milieu de mes compagnons qui m’engagèrent à rester à leurs côtés, ce que je fis en désespérée.
Au bout d’une heure, il y eut un moment de repos, les pirates donnèrent du biscuit et de l’eau à nos matelots. Ceux-ci me proposèrent de prendre part à leur repas, mais il me fut impossible de goûter à cette pâte dure et sèche. D’ailleurs, mon estomac, oppressé par tant d’émotions, était incapable de prendre quoi que ce fût. Je bus avec avidité de l’eau qu’on me présentait ; depuis de longues heures, j’avais la poitrine en feu, et je souffrais cruellement de la soif.