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nuit de notre prison avec un éclat tel, que nous restâmes comme aveuglés pendant quelques instants.

Comme on a pu le voir jusqu’à présent, le marchand chinois nous avait rendu de grands services ; jusqu’au jour de notre délivrance, il devait être notre bon génie. Sa seule présence calmait nos terreurs, et le danger nous semblait moins menaçant dès que le vieillard ouvrait la bouche pour s’interposer entre notre faiblesse et la férocité de ses compatriotes. Son sang-froid ne se démentait pas un seul instant ; quand il n’était pas à nos côtés pour nous consoler et ranimer notre courage, il employait son adresse auprès de nos ennemis pour nous épargner quelque nouvelle épreuve. Nous reprenions confiance à sa vue, et sa laideur disparaissait sous la calme sérénité de son visage ; j’étais étonnée de trouver dans un homme de sa nation une bonté toute chrétienne.

Le chef des pirates avait décidé que tous nos hommes d’équipage travailleraient au pillage du navire. Nous supposâmes qu’un long débat, qu’une question de vie ou de mort avait dû être agitée relativement à nos personnes, pendant qu’on nous avait tenus enfermés. La Providence veillait sur nous, puis-