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pondit le capitaine il était temps. Heureusement pour nous, notre goëlette n’avait qu’une égratignure ; mais il faut dire, pour expliquer ce fait, que le vent soufflait mollement et que nous ne fîmes qu’effleurer les récifs.

Pendant la courte durée de cet incident, la plupart des femmes s’étaient évanouies, les autres poussaient des cris lamentables. Quant à moi, j’étais pétrifiée, et cependant je n’avais pas compris l’imminence du danger ; mais la figure du capitaine me sert de baromètre en mer, et je dois dire que ce jour-là le baromètre n’était pas rassurant. Ma pauvre sœur était verte d’épouvante. « Eh bien ! lui dis-je, toi qui désirais à notre départ une toute petite tempête comme échantillon, il ne faut pas désespérer, voici un assez joli commencement. »

Il avait huit jours que cet incident était passé lorsque nous aperçûmes les côtes du Brésil. Avec quelle joie nous découvrîmes la montagne que les marins appellent Pain-de-Sucre, et qui domine la baie. Je crois qu’il n’existe pas sous le ciel un plus admirable point de vue, et il est resté gravé dans ma mémoire en traits ineffaçables ; je crois voir encore ces col-