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prochèrent de moi et me montrèrent mes compagnons attachés. Pensant qu’ils voulaient me lier aussi, je leur tendis les mains, mais ils me firent un signe négatif. L’un d’eux impatienté, me passa la lame froide de son sabre le long du cou, faisant le simulacre de me couper la tête ; je ne bougeai pas ; mon visage exprimait sans doute un morne désespoir, mais je n’avais pas une larme. Cette immense douleur me mettait à une si rude épreuve, qu’elle semblait déjà avoir tout anéantie, tout épuisé en moi. Voulant néanmoins les satisfaire, je leur tendis encore les mains afin qu’ils pussent me les lier, si telle était leur intention. Ils s’en emparèrent avec colère, puis ils recommencèrent à promener leurs doigts autour de mes poignets, cherchant à me faire comprendre ce que je ne pouvais deviner. Où voulaient-ils donc en venir ? Leurs froides menaces étaient sans doute pour me démontrer qu’ils me les couperaient. Dès ce moment, toute l’horreur de ma position me fut révélée j’inclinai ma tête sur ma poitrine, et je fermai les yeux. La vue seule de ces monstres suffisait pour donner le courage du martyre ; j’attendais la mort non sans épouvante, du moins avec résigna-