Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/161

Cette page n’a pas encore été corrigée

gnées, imposées aux jeunes esprits, notre intelligence trop disciplinée ne sait plus penser d’elle-même[1]. »

« La faute capitale de notre éducation actuelle, dit un personnage d’une des pièces d’Ibsen, est d’avoir mis tout le poids sur ce qu’on sait au lieu de le mettre sur ce qu’on est. »

Aussi voyons-nous à quoi cela aboutit : à l’antagonisme entre nos sentiments et nos actes, au dualisme douloureux de toute notre vie. Au lieu d’être, nous voulons toujours paraître.

On développe l’intelligence, on néglige le caractère :

« L’énergie et la volonté sont reléguées au second plan[2]. »

« L’homme est destiné à agir ; il doit jouer un rôle dans la vie ; et la façon dont il s’y comporte, bien ou mal, dépend bien plus souvent de son caractère que des connaissances dont on a pu le munir[3]. »

Et la formation du caractère dépend de l’éducation. Et la vraie éducation ne se donne que par la famille, dit Tolstoï.

C’est le principe même du grand éducateur suisse Pestalozzi ; éducation par la famille et, dans la famille, par la mère.

Pour que l’individu se développé réellement et librement dans la famille, il faut que celle-ci soit constituée sur des principes vrais.

  1. Dr Maurice de Fleury. L’Âme du criminel, p. 57.
  2. Duproix. Kant et Fichte et le problème de l'éducation, p. 12, Alcan.
  3. Idem, p. 16.