VII
Ici se pose la question de l’instruction et de l’éducation que Tolstoï divise en deux notions distinctes.
L’instruction, dans le sens le plus vaste, comprend la réunion de toutes les influences qui développent l’homme, qui lui ouvrent les plus larges horizons. Les jeux des enfants, les souffrances, les punitions des parents, les livres, les travaux, l’étude forcée ou libre, les arts, les sciences, la vie, tout instruit. L’éducation est l’action d’un esprit sur un autre dans le but de forcer l’élève à s’assimiler certaines habitudes morales. L’instruction est la transmission du savoir à un autre. Libres, l’enseignement et l’étude sont des moyens d’instruction ; ce sont des moyens d’éducation lorsque l’enseignement est forcé et l’étude exclusive.
L’instruction est libre. L’éducation, c’est l’instruction forcée. L’éducation est une tendance au despotisme moral, tendance érigée en principe. L’éducation, en tant que formation préméditée des esprits sur certains modèles n’est point féconde, n’est point légitime, n’est point possible.
Par le mot École, Tolstoï n’entend point la maison où l’on étudie, ni les instituteurs, ni les élèves, ni une certaine tendance de l’enseignement. Par le mot école, compris dans son sens le plus large, Tolstoï entend l’action consciente et voulue de celui qui instruit sur ceux qui s’instruisent, c’est-à-dire une partie de l’instruction, sous quelque forme que cette