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actions qui sont nécessaires à son existence. Organisez-vous comme vous l’entendrez, moi je ne puis démontrer ni la nécessité, ni l’inutilité de l’État, mais je sais ce dont j’ai besoin et ce qui m’est inutile, ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire. Je n’ai pas besoin de m’isoler des hommes des autres nations, c’est pourquoi je ne puis pas reconnaître appartenir exclusivement à une nation quelconque, et je refuse toute sujétion ; je sais que je n’ai pas besoin de toutes les institutions gouvernementales actuelles, c’est pourquoi je ne puis, en privant les hommes qui ont besoin de mon travail, le donner sous forme d’impôt au profit de ces institutions ; je sais que moi, je n’ai besoin ni d’administration ni de tribunaux basés sur la violence. Je sais que moi, je n’ai pas besoin d’attaquer les hommes des autres nations, de les tuer, c’est pourquoi je ne puis participer à la guerre ni m’y préparer. » Pour qui dira cela, la question sociale sera résolue.

L’homme social ne peut s’affranchir qu’isolément. Si l’homme, par suite de la conscience supérieure qui est née en lui, ne peut plus accomplir les exigences de l’État, s’il ne peut plus s’y enfermer et en même temps n’a plus besoin de la protection de l’État, la question est résolue par l’homme lui-même qui a déjà dépassé la forme de l’État et qui en est sorti. L’amélioration des conditions de la vie, raccord de la réalité et de la conscience se fera non par une réorganisation violente de la société, mais par suite des efforts personnels d’individus isolés. Tant que chaque homme ne vivra pas isolément selon la doctrine de l’amour et de la non-résistance au mal — « .i.