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en prison. Pas un général, pas un soldat, s’il n’est pas encore façonné par la discipline, le serinent et la guerre, non seulement ne tuera pas une centaine de Turcs ou d’Allemands, ni ne détruira leurs villages, mais ne se décidera même pas à blesser un seul homme.

Tout cela se fait grâce à cette machine gouvernementale et sociale dont la tâche consiste à morceler la responsabilité des méfaits qui se commettent, de façon que personne ne sente à quel point ces actes 3ont contraires à la nature. L’autorité qui commande et l’autorité qui exécute, placées aux deux limites extrêmes de l’organisation gouvernementale, se relient comme les deux bouts d’un anneau : elles dépendent l’une de l’autre et se maintiennent mutuellement.

L’impôt décrété par le gouvernement est perçu indépendamment de la volonté des contribuables. Le paiement des impôts, l’accomplissement des devoirs sociaux, la soumission aux punitions, toutes choses qui semblent volontaires, ont toujours au fond la crainte d’une violence.

Non seulement le gouvernement, mais même la majorité des gens libéraux, des libres-penseurs, semble s’être donné le mot pour détourner soigneusement la tête de tout ce qui a été dit, écrit, fait et se fait encore pour révéler l’inconciliabilité de la violence dans sa forme la plus terrible, celle de l’organisation du meurtre, avec la doctrine non seulement chrétienne, mais simplement humanitaire, que la société prétend professer.

À quoi bon les percepteurs d’impôts, qui s’acquit-