Quelques-unes de ces personnes étaient assises autour d’une grande table sur laquelle se voyait un échiquier, et deux d’entre elles paraissaient absorbées par les combinaisons savantes que nécessite cet antique jeu. D’autres avaient l’air de suivre avec intérêt la partie engagée entre les deux partenaires, et leurs yeux ne quittaient point le champ du combat.
Sur une estrade assez richement ornée, quelques musiciens, magnifiquement vêtus en bergers d’opéra, jouaient avec ensemble un air dont malheureusement les notes n’arrivaient pas jusqu’à Mademoiselle Yolande, qui voyait bien ce qui se passait, mais n’entendait pas ce qui se disait dans la salle des fêtes, digne ce soir-là du nom qui lui avait été donné.
Un des musiciens jouait de la flûte ; un autre à la fois du galoubet et du tambourin de Marseille ; un troisième faisait courir ses doigts sur le clavier d’un forte-piano ; un autre, enfin, tirait des accords d’un instrument semblable à une harpe. Et le concert de ces artistes semblait ne pas causer plus de distractions aux joueurs d’échecs qu’aux autres personnages, lancés probablement dans le tourbillon d’une de ces conversations frivoles que l’on tient pour l’ordinaire dans un salon.
De temps en temps, un des valets s’approchait de la table, déposait devant chaque joueur une tasse pleine d’un liquide brûlant, tandis qu’un autre présentait aux dames un plateau chargé de rafraîchissements de toutes sortes entre lesquels elles pouvaient choisir, ce qu’elles faisaient sans hésitation aucune, suivant probablement en cela leurs préfé-