III.
Celui qui prononçait ces généreuses mais un peu énigmatiques paroles, était un homme dans toute la force de l’âge, et sur le franc et mâle visage duquel on pouvait lire loyauté, franchise, élévation de sentiments. Cet homme n’appartenait cependant point aux classes élevées de la société, cela se voyait à son costume et surtout à ce qu’il ne portait pas l’épée, alors apanage exclusif de la noblesse.
Mais ce n’était point le premier venu que cet homme. C’était, dans un siècle où l’industrie n’avait pas encore dit son premier mot, où la gloire par les armes semblait seule digne de tenter les viriles ambitions, c’était un esprit audacieux, entreprenant, osé, une manière de philanthrope qui, devançant l’heure où le peuple devait trouver des sympathies et des défenseurs, se préoccupait, comme d’un problème, de l’inégalité des sorts créée par l’inégalité des naissances.
Il s’appelait Étienne Jubié. Il était né à Saint-Jean-de-Bournay.
Ayant quitté son pays très-jeune pour aller chercher fortune en Italie, il entra comme simple ouvrier dans une manufacture d’étoffes de soie de Turin et, grâce à un procédé de fabrication découvert par lui, il se vit bientôt associé par le manufacturier chez