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Fusains.

nuit, je pense à toi. Mais je sais couper les têtes. Ne sois plus jalouse, ô ma bien-aimée, de la maîtresse du poëte ; demain elle n’aura plus un sonnet pour miroir, et tu auras pour coussin la tête qui osa chanter une autre beauté que la tienne.

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Cavalier, conte-moi ton dernier combat ; en vers immortels, j’écris ton histoire.

– Poëte, ma bien-aimée veut ta tête, et je viens la couper.

– Je n’avais jamais vu d’homme sachant aimer, je croyais que l’amour était mort sur la terre. – Laisse-moi te regarder, toi qui sais aimer encore.

– Ma bien-aimée attend.

– Ne la fais pas attendre…

6

Ses vers ombrageaient les routes sans eau, ils endormaient la fièvre. Je les chantais quand j’étais gai, je les chantais quand j’étais triste, je les jetais comme un défi, je les soupirais dans les bras blancs de mon amie.

Je l’ai tué sans regrets.