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Fusains.

ne voient plus ; c’est le palais de la reine qui parle comme une prophète, qui chante comme un oiseau.


Dans le palais de Saba, Salomon bâtit, lui-même, une salle sans fenêtres dont mille palmiers d’argent soutiennent la voute irisée. C’est la chambre de la reine aux lèvres douces comme un rêve, au front haut comme un poëme, aux yeux clairs comme un étang.


Dans la salle sans fenêtres, une hirondelle aux grandes ailes plane sous le dôme irisé, une panthère aux flancs maigres la regarde voler, et Salomon, le roi poëte, qui n’avait les fleurs qu’en gerbes et les perles qu’en colliers, depuis trois mille ans épelle le même mot sans se lasser.


Quand l’hirondelle ouvre ses ailes, les flots chantent dans le golfe rond, et, lorsque rugit la panthère, les baisers chantent, sur les lèvres, dans Saba, la ville éternelle où les hommes n’entrent plus, dans Saba, la ville que cherchent ceux dont les lèvres sont sèches, dont les baisers sont de feu. »


L’enfant prodigue se rassit ; Louise lui souriait entre les branches du jasmin qui encadrait la fenêtre…