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Fusains.

un homme sans principes. » Les vieilles tantes soupiraient : « C’est fâcheux ! Très-fâcheux ! » Les petites cousines, blanches et roses, disaient, le nez sur leurs assiettes : « Son filet n’est pas à la mode. »

Louise, les doigts enfoncés dans les cheveux, regardait la montagne par la fenêtre ouverte.

Les vieilles tantes n’aiment pas Louise, les petites cousines la détestent, les vieux oncles l’embrassent volontiers, et tous les petits cousins l’adorent, parce que ses lèvres brillent comme les fruits du houx après la gelée.

Les petits cousins sont de grands chasseurs d’alouettes ; ils montent, en bottes molles, les chevaux du carrosse maternel ; ils chiffonnent les femmes de chambre sur l’escalier et les bergères dans les taillis ; ils vont à la messe et savent conduire un cotillon tout aussi galamment que monsieur le substitut. Ils ne voudrait pas épouser Louise – elle est sans fortune – mais elle est leur cousine, et ils espère bien, un soir ou l’autre, l’embrasser entre deux portes.

Au dessert, une vieille tante qui faisait des vers sous le Directoire demanda à l’enfant prodigue une chanson de chamelier. Sur un signe de leurs mères, les petites cousines sortirent, et l’enfant prodigue dit :


« Près du golfe où les étoiles sèment des étincelles en tordant leurs cheveux, un palais de cuivre flamboie. C’est le palais de Saba, la ville éternelle que les hommes