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Fusains.

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Amie, voici la tête du poëte.

– Où l’as-tu coupée ?

– Sur les genoux de Meyrin.

– Lèvres bleues, vous ne chanterez plus la beauté de Meyrin – le sabre a brisé la flûte, le monde est muet comme une tombe… Lèvres bleues, vous ne baiserez plus les lèvres de Meyrin – le sabre a écrasé l’abeille, la vie est amère comme une feuille de laurier… Lèvres bleues, je vous aimais lorsque vous étiez roses, et j’ai menti pendant vingt nuits pour que mon âme puisse vous toucher en s’allant.

8

Je l’ai tuée…

Maintenant je suis comme la tulipe sauvage ; mes joues ont la couleur du feu, mon cœur est noir comme un charbon éteint…

Jette-moi, Gabriel, une plume de tes ailes ; les vers sont les suaires des regrets.

9

– J’ai arraché, pour toi, une plume de mes ailes, et tu n’écris pas ?