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commentaires sur la grammaire esperanto

personne (auquel cas je ne pourrais tourner par soi), il faudrait employer ŝi et non pas si.

Ainsi, on traduirait par ŝi dans la phrase suivante : Mia fratino amas tiun amikinon en la plej alta grado ; ŝi faras ĉion por ŝi, nenion por la aliaj. Ma sœur aime cette amie au plus haut point ; elle fait tout pour elle, rien pour les autres.

Cette observation ne serait pas nécessaire si, comme en Esperanto, nous employions toujours en français le pronom réfléchi soi, se, quand il y a réflexion dans l’idée. Malheureusement, à chaque instant, on l’a vu par les exemples cités plus haut, nous lui substituons un pronom non réfléchi.

Remarque. — Le pronom si (soi) étant par nature de la troisième personne ne peut renvoyer l’idée à un sujet de la première ou de la deuxième personne. Ne dites donc jamais :

Mi lavas sin au lieu de mi lavas min (je me lave). — Vi laŭdas sin au lieu de vi laŭdas vin (vous vous louer), etc.

Le, l’, représentent très souvent en français non pas la troisième personne du masculin singulier (lui), mais une idée exprimée soit par un qualificatif quelconque, soit par tout un membre de phrase.

Ainsi dans : Il est avare, je ne le suis pas. — On dit que la lune est habitée ; je ne puis le croire, le pronom le représente la première fois le qualificatif avare, et la seconde fois que la lune est habitée. Certains grammairiens enseignent que, dans ces cas, le, l’ signifient cela. Cette opinion est juste pour le remplaçant un membre de phrase ; mais elle ne l’est pas pour le remplaçant un qualificatif, car alors il signifie tel.