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Elle tenait, à présent, le pauvre Prosper complètement sous sa domination, et même, lorsque le divorce fut définitif, elle le persuada qu’il devait l’épouser.

— Penses, lui-dit-elle, cela fera enrager cette petite qui regrette à présent la situation que tu lui avais donnée, et puis sa mère qui s’est si mal conduite envers toi, et son père à qui tu es obligé de faire bonne figure pour ne pas qu’on dise que tu te venges sur lui !

Ces arguments, auxquels s’en ajoutèrent d’autres sur lesquels nous n’avons pas besoin d’insister finirent par convaincre Prosper.

Et un beau matin, ce fut Juliette qui put lire, à son tour, dans les échos mondains des journaux, l’annonce du mariage de « M. Prosper Benoît, directeur au ministère des Inventions pratiques avec Mme Vve Violet, née Briquet. »

Mais Juliette ne s’en préoccupait plus.

Elle filait le parfait amour avec Albert, lequel commençait à voir la fortune lui sourire, car il vendait quelques tableaux.

La deuxième nuit de noces de M. le Directeur ne fut troublée par aucun fantôme et Prosper ne fut le jouet d’aucune hallucination.

Le matin en s’éveillant, pourtant, Léontine lui dit :

— Maintenant que nous sommes mariés, je peux te révéler toute la vérité.

Elle lui raconta comment les choses s’étaient passées, et elle ajouta en manière de conclusion :

— Remercie-moi, car je t’ai sauvé d’un grand danger.

« Cette petite rouée, qui voulait te faire croire à son innocence alors qu’elle avait un amant, te trouvait un mari parfait pour te tromper…

« Ce n’est pas comme moi, je te trouve un mari parfait, mais je te reste fidèle. »

Cette révélation plongea Prosper Benoît dans la plus grande stupeur.

Ainsi il avait faillit épouser une femme qui était décidée à le tromper, et c’était cette femme qui avait joué la comédie de l’innocence et de la jeune épouse outragée.

Tout de même, il se vengerait. Il ne savait pas comment, mais il se vengerait !

Sa vengeance devait naturellement s’exercer sur le pauvre Gustave Arnaud, père de Juliette…

Le directeur intervint donc pour le faire changer de service, de façon à ne plus l’avoir sous ses ordres, mais en même temps, il prévenait son collègue, en lui disant :

— Menez-lui la vie dure !

Malheureusement pour Prosper Benoît, le directeur sur lequel il comptait pour exercer sa vengeance, était un bon