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— Qu’est-ce que ton père va dire ?

— Il dira ce qu’il voudra. Il ne pouvait tout de même pas me forcer à rester mariée avec un homme qui était décidé à garder sa maîtresse.

« Tu ne veux pas que je partage.

— Je ne dis pas cela.

« Mais tu connais ton père. Il ne va pas accepter en souriant l’idée d’entrer en lutte avec son directeur.

— Et après, il ne le révoquera pas pour ça… Il n’en a pas le droit.

« Et puis, maintenant, c’est comme ça ; il n’y a plus à y revenir.

« Pensons seulement à trouver un bon avocat qui me fasse accorder une pension convenable par le tribunal.

Tel était l’état d’esprit des deux femmes lorsqu’elles arrivèrent chez elles.

M. Gustave Arnaud les attendait non sans inquiétude.

Lorsqu’il vit revenir sa femme et sa fille, il se précipita au devant d’elles.

— Toi, Juliette, s’écria-t-il, toi… Et ton mari ?

— Ne me parle plus jamais de cet ignoble individu… Tu entends, papa, plus jamais !

Tu oublies, mon enfant, qu’il s’agit de mon directeur au ministère… Que t’a-t-il donc fait ?

— Ce qu’il m’a fait ? Raconte-le, maman… Raconte-le… !

Mme Arnaud hésitait… Elle regardait alternativement sa fille et son mari…

— Eh bien ! dit celui-ci, raconte…

— Voilà, mon ami, voilà :

Et la brave femme fit le récit de ce qu’elle savait :

— Et tu as suivi cette petite folle comme ça !

Mme Arnaud s’arrêta interdite.

— Comment, tu me reproches ?…

— Eh bien, oui ! Je te reproche. Après tout, dans toute cette affaire, il n’y à pas de quoi fouetter un chat.

« Je comprends encore que Juliette ait attaché une importance exagérée à la visite de son mari à cette femme… mais toi, qui es une personne raisonnable, tu aurais dû lui faire comprendre qu’elle avait tort…

— Oh ! Papa ! s’écria Juliette indignée.

— Mon enfant, reprit sentencieusement M. Arnaud, on ne gâche pas inconsidérément une belle situation pour des vétilles…

— Des vétilles… Être trompée le lendemain de ses noces !

— Tu ne pensais tout de même pas que ton mari n’avait pas de maîtresse avant de te connaitre !

« Il te l’a dit lui-même, il faisait une visite de rupture…