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Flagrant délit.


Prosper entendit un bruit de voix féminines.

— C’est sans doute une amie de Léontine, se dit-il.

Cependant, il crut distinguer la voix de sa femme.

— Décidément, pensa-t-il, voilà les hallucinations qui me reprennent.

Les paroles se rapprochaient, et il lui sembla entendre une discussion :

— Mais, Mesdames, disait Léontine, je ne sais ce que vous voulez dire, vous vous trompez certainement.

— Nous ne nous trompons pas. Vous êtes bien Madame Violet ?

— Certainement, mais je vous assure que vous vous méprenez.

— Et moi, je vous assure que mon mari est ici. Je l’ai suivi… Laissez-nous passer. S’il n’est pas là, vous ne devez rien avoir à craindre.

Cette fois, Prosper ne pouvait se méprendre. C’était bien Juliette qui survenait.

Il sauta en bas du lit, et se mit en devoir de s’habiller…

Léontine reparut la première, échevelée, l’air affolée :

— Ah ! Mon Dieu ! disait-elle !… N’entrez pas !… Je vous jure qu’il n’y a personne.

— Nous allons bien voir !… Viens, Maman !

Et Juliette, Juliette que son mari croyait à Fontainebleau, fit irruption dans la pièce, suivie par Mme Arnaud, qui levait les bras au ciel, en criant :

— Est-ce possible !… Est-ce possible !…

La jeune Mme Benoit alla droit à son mari :

— Vous ! fit-elle ! Vous ! C’était donc vrai…

« Ah ! que je suis malheureuse !… Que je suis malheureuse !

Et elle tomba ef larmes, sur une chaïse.

Car elle pleurait, la mâtine ! Elle pleurait pour de bon, comme si réellement elle ne s’attendait pas à la trahison de son époux…

Mme Arnaud ne put contenir son indignation :

— Oh ! Monsieur… disait-elle… Monsieur !… Une conduite pareille de votre part… le lendemain de votre mariage…

« Est-ce pour la tromper ainsi que je vous ai donné mon enfant ?

Prosper était interloqué. Il ne trouvait rien à dire.

Il regardait hébété, les trois femmes.