Page:Louis d Elmont Hallucinations amoureuses 1924.djvu/49

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 47 —

— La dame est venue.

— Quelle dame ?

— Vous savez bien, Mme Violet, celle que je ne dois pas recevoir, à laquelle je dois dire que Monsieur le Directeur n’est pas là…

— Elle est venue, dites-vous ?… Quand donc ?

— Ce matin.

— Oui, même qu’elle a laissé une lettre.

« Naturellement, je ne voulais pas la prendre, mais la dame a insisté.

« — Mais, lui dis-je, M. le Directeur est en voyage pour un mois.

« Alors elle m’a répondu :

« — Croyez-vous ? Moi, je vous répète qu’il sera ici cet après-midi et qu’il ne vous blâmera pas d’avoir pris cette lettre.

« Alors j’ai gardé la lettre, en me disant que vous en feriez ce que vous voudrez…

— C’est bien. Donnez-la moi.

La lettre que Léontine avait, en effet, apporté elle-même dans la matinée, après être passée chez elle et en revenant du télégraphe où elle avait expédié à Fontainebleau la dépêche dont le texte avait été arrêté entre elle et Juliette, cette lettre disait :

« Prosper

« Je sais tout. Comment ? Peu importe.

« Tu m’as indignement trompée. J’exige de toi une explication. Tu ne peux me refuser une dernière entrevue.

« Si tu veux éviter un scandale — et peut-être de graves catastrophes — tu viendras cet après-midi même chez moi où je t’attendrai.

« Ne cherche pas qui t’a envoyé la dépêche que tu as reçue à Fontainebleau. C’est moi !

« À ce soir.

Léontine. »

Le directeur était médusé… Il tournait et retournait cette lettre entre ses mains… mêlant les incidents de la nuit à ceux de la journée.

— Je n’y comprends plus rien ! dit-il. Mais puisqu’elle m’attend ! Allons-y !…

x

Dernière entrevue ?


Léontine vint elle-même ouvrir à son amant :

— Ah ! te voilà | fit-elle… Tu as bien fait de venir… autrement, je serais retournée au ministère.