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Il rejeta donc le drap qui le recouvrait et voulut derechef faire la lumière,

— Qu’avez-vous, chère amie ? demanda-t-il… Je vais allumer…

— N’en faites rien ! Je vous en supplie ! lui fut-il répondu…

Prosper ne remarqua pas sans émotion l’accent angoissé de son épouse, si angoissé que la voix s’étranglait dans sa gorge…

— Pourtant, dit Prosper, je voudrais bien me rendre compte de ce qui se passe,

— Non… non… J’ai trop peur… Venez vite vous récoucher…

Le directeur ne reconnaissait plus du tout la voix de la pauvre Juliette. Il lui demanda :

— Mais qu’avez-vous donc ?…

— Le fantôme !… Vous avez entendu le fantôme ?…

Prosper comprit qu’il importait avant tout de rassurer sa jeune épouse.

Il se coucha donc à tâtons, tandis que sa compagne lui disait tout bas :

— Le fantôme m’a découverte… Reprenez le drap…

Le drap ! C’était celui qui le recouvrait tout à l’heure. Le fantôme l’avait donc arraché du lit…

M. Benoît, qui commençait à discerner vaguement les objets dans l’ombre de la pièce, perçut une tache blanche sur le tapis, C’était le drap qu’il remit tant bien qué mal sur le lit.

Sa femme, maintenant, se serrait contre lui.

De cette voix sans timbre qu’elle avait depuis l’apparition du fantôme, elle disait :

— Vous me protégerez, s’il revient ?…

— Mais il ne reviendra pas… Ce doit être une hallucination… L’obscurité, l’arrêt de l’électricité nous aura un peu troublés.

— Vous croyez ?

Et la femme se pelotonnait contre lui.

À ce doux contact, Prosper sentait s’évanouir ses appréhensions.

L’instant d’auparavant, il était prêt à se mettre à la recherche de celui qui ne pouvait être, à son avis, qu’un cambrioleur. Maintenant, après avoir écouté attentivement, aucun bruit insolite ne se produisant plus, il se laissait aller à la douce sensation de bien être qu’il éprouvait auprès de Juliette.

Il ne pensait plus du tout à faire de la lumière.