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ment. Seulement, voilà : Robert m’a lâchée, et puis j’en ai assez de faire la purée avec les artistes… alors je me suis dit : Juliette était bien avec moi, elle ne me refusera pas de me prendre à son service, ça me fera une situation. »

« De sorte que je suis à présent engagée définitivement et je dois être à mon poste le jour même du mariage.

— Je te félicite, dit Robert. Maintenant, il s’agit de savoir où M. Prosper Benoît compte emmener sa femme en voyage de noces.

— Je le sais.

— Déjà !

— Oui. Figurez-vous que l’idée de Mme Violet d’accompagner son ami en Italie et d’aller le rechercher a fait modifier tout le programme primitif.

« Le directeur avait d’abord projeté de partir pour Venise avec sa jeune épouse sitôt après la cérémonie. Mais il a eu peur sans doute d’être suivi de ce côté,

« Depuis, il a expliqué que ça n’était pas possible, que le ministre n’avait pas voulu qu’il s’éloignât de Paris et que le voyage en Italie aurait lieu plus tard.

« Justement la tante de M. Benoît possède dans la forêt, près de Fontainebleau, une maison un peu isolée qu’elle mettra à la disposition de son neveu, et c’est là que les jeunes mariés iront passer leur lune de miel.

— Tant mieux, dit Albert, cela arrange mieux nos affaires. « Il s’agit maintenant de reconnaître les lieux.

Ils étaient munis de toutes les indications possibles, et ils déjeunèrent dans une auberge voisine de la propriété où M. Benoît devait passer sa nuit de noces.

Habilement questionné, l’aubergiste fournit les renseignements complémentaires que désiraient ces touristes, qui trouvèrent du plus haut intérêt artistique cette maison entourée d’un parc, qu’ils brûlaient du désir de visiter pour prendre quelques croquis.

— Ce sera facile, dit le restaurateur, le personnel se compose en tout et pour tout d’un vieux jardinier qui vous donnera l’autorisation pourvu que vous lui payiez à boire, car c’est son péché mignon. Il est plus souvent saoul qu’à jeun, le père Onésime.

Les conspirateurs notèrent ce renseignement précieux.

L’aubergiste obligeant, alla lui-même chercher Onésime qui largement abreuvé, se fit le cicerone complaisant des deux artistes et de madame Violet, née Briquet.

— Seulement, dit-il, faudra rien dire, car la patronne en veut pas que je laisse entrer personne chez elle.

On juge que la recommandation d’Onésime était parfaite-