Page:Louis d Elmont Hallucinations amoureuses 1924.djvu/20

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 18 —

Aussi, annonça-t-il à Léontine qu’il avait reçu un télégramme lui ordonnant d’avancer de huit jours son départ pour Milan. Naturellement, son amie n’accepta pas ce contre-temps sans protestations.

Toutefois, comme elle ne voulait pas éveiller les soupçons de Prosper, elle fit mine de croire ce qu’il lui racontait.

— Ah ! C’est bien ennuyeux, dit-elle. C’est une semaine d’amour que tu me voles.

— Ce n’est pas de ma faute, ma chérie… Tu comprends que je ne peux pas faire autrement.

Mais Léontine voulut jusqu’au bout le tracasser.

— Mon chéri, lui dit-elle, tu ne sais pas à quoi j’ai pensé ?

— Ma foi non !

— Eh bien ! J’irai t’accompagner jusqu’à Lyon… Ce sera amusant de faire un peu du voyage avec toi.

— Ça n’est pas raisonnable, répondit Prosper embarrassé.

— Pourquoi ? Nous passerons la nuit dans le train…

Et elle ajouta tout bas :

— Nous nous aimerons une dernière fois dans le compartiment !…

Ça, par exemple, c’était une complication.

Léontine riait sous cape de l’embarras de son amant.

Finalement, il dut céder et accepter ce voyage avec Léontine.

Celle-ci, alors, ne lui parla plus que de cette nuit en chemin de fer pour laquelle elle manifestait le plus grand enthousiasme.

Léontine avait voulu que son amant retint un coupé-lit, afin qu’ils fussent bien seuls tous les deux.

— Oh ! mon chéri ! lui dit-elle, comme nous allons nous aimer… Ça ne m’est jamais arrivé… ce sera un plaisir nouveau…

Elle se fit très câline et, ma foi, Prosper s’exécutas avec la meilleure grâce du monde, en pensant que c’était la dernière nuit qu’il consacrait à sa brune amie…

Lorsque Léontine revint à Paris, elle convoquüa chez elle Albert, qui arriva accompagné de son ami Robert et de Fernande.

Fernande raconta comment elle avait été agréée en qualité de femme de chambre par Juliette.

— Ah ! dit-elle. Ça n’a pas été tout seul.

« Figurez-vous que cette petite mijorée ne voulait pas de moi.

« — Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? disait-elle… c’est un coup monté par Albert.

« — Pas du tout, lui répondis-je. Albert l’ignore complète-