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l’amour certainement, protégeraient les entreprises des deux artistes.

Léontine Violet, née Briquet, n’eut donc pas le temps de montrer la coupure de journal qui lui avait été envoyée à Prosper, car avant que Prosper vint la voir elle recevait la visite d’Albert lui-même.

Albert se présenta à l’amie du directeur en lui disant :

— Madame, vous n’avez pas l’honneur de me connaître mais la démarche que je fais auprès de vous est de la plus haute importance.

« C’est moi qui vous ai envoyé l’extrait du journal annonçant le mariage prochain de M. Prosper Benoît avec Mlle Juliette Arnaud.

— Ah ! C’est vous ! Vous allez donc me dire en quoi ce mariage peut m’intéresser.

— Il vous intéresse, Madame, au plus haut point, et au même titre que moi, si j’ose dire.

« Car Mlle Juliette Arnaud est mon amie…

« Quant à M. Prosper Benoît, il ne fait qu’une seule et même personne avec M. Prosper Niobet…

La foudre tombant aux pieds de Léontine ne l’eût pas frappée davantage.

— Que dites vous là ? s’écria-t-elle. Mais ce n’est pas possible… Vous vous trompez… Prosper ne commettrait pas une pareille infamie !…

— Hélas ! Madame… Je ne me trompe nullement… Votre infortune et la mienne sont sœurs…

— Mais, Monsieur, dit Léontine se ressaisissant, M. Niobet que je connais en effet, n’est pas directeur au ministère…

— Il n’y a pas de Niobet… Il n’y a que Benoît… Déjà le même prénom doit éveiller votre attention… mais veuillez si vous le voulez bien, prendre une à une les lettres du nom familial, et vous trouverez dans Niobet l’anagramme de Benoît…

— C’est vrai ! fit la pauvre femme étonnée.

— Enfin s’il vous faut une preuve, et je comprends qu’il vous en faille une pour vous convaincre complètement, venez avec moi, je vous la fournirai.

— Et où m’emmenez-vous ?

— Venez toujours, vous le verrez bien.

Albert la conduisit dans un café qui était situé non loin de l’entrée du ministère des Inventions Pratiques et d’où l’on pouvait voir tous les gens qui pénétraient dans le monument public ou en sortaient.

Quelques instants plus tard, M. Benoît sortait tranquillement.

— Tenez, dit Albert, regardez… Et surtout, ne dites rien, ne bougez pas. Qu’il ne vous voie pas !…