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rents, qui n’avaient jamais rêvé un tel honneur pour leur fille laquelle n’avait comme dot que sa virginité — du moins ils le croyaient.

M. Benoît le croyait aussi. Sans quoi il est certain qu’il n’eût jamais demandé la main de Juliette.

Celle-ci croyait avoir arrangé les choses pour que son amant se tînt tranquille et ne compromît pas son mariage.

Elle ne pouvait se douter du complot qui se tramait contre elle.

Lorsqu’elle revit Albert, ce dernier se garda de faire aucune allusion à son entente avec Robert. Il avait, en effet, estimé plus sage de ne prévenir sa maîtresse de rien,

Juliette n’eut donc aucun soupçon.

Albert fut très bien. Il ne parla même pas du mariage prochain de son amie, et ce fut elle, après les enlacements accoutumés, qui, curieuse de sävoir ce qu’il pensait, revint sur cet important sujet :

— Alors, lui dit-elle, tu t’es habitué à l’idée de mon mariage ?

— Oui. Il de faut bien. Tu l’as dit toi-même : Tu dois obéir à la voix du devoir…

« Nous autres hommes n’avons pas ce point de vue là… Mais vous, les femmes, vous êtes des créatures de sacrifice…

— N’est-ce pas ?… déclara Juliette en poussant un soupir… N’est-ce pas ?… c’est un pénible sacrifice…

« Mais je vois que tu es raisonnable à présent et que tu acceptes la situation nouvelle comme il le faut.

— Alors, tu es contente de moi ?

— Oui !

— Et tu m’aimes toujours.

— Oh oui !

— Voilà qui vaut un baiser… là, sur les nœils.

La suite du dialogue se perdit en des étreintes au cours desquelles Albert pensait, malgré lui, à ce Benoît de malheur, mais pour savourer doublement le plaisir qu’il prenait en faisant ledit Benoît cocu avant la lettre.

Juliette était donc tranquille ; tout s’arrangeait suivant ses désirs et elle ne pensait plus qu’aux préparatifs de son mariage, qui devait être une cérémonie extraordinaire, le Ministre lui-même ayant accepté d’être le témoin du directeur.

Tandis que Mme Arnaud et sa fille ne se préoccupaient plus que du grand jour prochain, Albert, Robert et Fernande, en véritables conspirateurs, tramaient dans l’ombre leurs noirs projets.

Fernande avait retrouvé, comme par hasard — on comprend qu’elle avait aidé ce hasard — une ancienne camarade