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LE SERMON DIFFICILE


Le curé de Melotte paissait depuis trente longues années le petit troupeau que le Seigneur, par l’intermédiaire de son archevêque, Jacques-Marie-Adrien-Césaire-Fulgence Mahieu, avait commis à sa garde.

Il avait marié les vieux, baptisé les jeunes, enterré les aïeuls, catéchisé des générations de moutards et malgré ses soins vigilants et sa ferme douceur, malgré toutes ces qualités, dis-je, et d’autres encore, il avait vu — son Dieu savait avec quels serrements de cœur — la foi baisser lentement comme l’eau d’un vivier dont la source est tarie, et son église, sa chère petite église, se vider peu à peu chaque dimanche.

Il savait pourtant qu’il n’était pour rien dans ce malheur des temps et qu’un pareil et désolant malaise sévissait dans les paroisses d’alentour et même ailleurs et presque partout.

L’indifférence en matière de foi était devenue de règle, car d’hostilité on n’en sentait point trop encore ; à peine sourdait-elle, peut-être, dans