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Et Blénoir avait su heureusement trouver une solution élégante qui conciliait les obligations de son métier avec son devoir de citoyen.

Après avoir minutieusement relevé l’état des lieux, il avait ramassé le fusil et marché vers le village pour y faire sa distribution et avertir les intéressés.

On offrit un verre de vin au facteur Blénoir, qui accepta, repartit et, tout en faisant sa tournée, colporta l’événement en le commentant et but naturellement à peu près autant de verres qu’il distribua de lettres.

Au récit qu’il avait fait, la Moussotte avait pâli, chancelé et toute sa colère amassée s’effondra dans un déluge de larmes.

Elle restait là où elle était, immobile, inconsolable et comme une chiffe aux mains des bonnes femmes qui s’efforçaient à la réconforter.

— Mon pauvre Mousse !

Toutes les consolations étaient inutiles. Elle pleurait, sanglotait, se mouchait, se tordait, hurlait, criait, se roulait à terre, parlant de son homme en phrases entrecoupées :

— Dire qu’il n’avait pas même fait son testament !…