JOSÉPHINE EST ENCEINTE
Ce matin-là, en rencontrant son ami Léon, le gros Zidore se tapa sur les cuisses cependant qu’un large rire épanouissait sa face de pleine lune :
— Eh bien, mon vieux, qu’est-ce que tu en dis ? V’là que ça y est tout de même !
— De quoi ? reprit l’autre, l’œil allumé.
— Comment, tu ne sais pas la nouvelle ? continua-t-il en s’esclaffant de nouveau ? Le Pape…
— Eh bien ! quoi ? Le Pape !
— Il a « enceintré » sa bonne !
— Sans blague ? insista Léon en éclatant de rire à son tour.
— Sûr, comme me voilà, précisa Zidore. On dirait que ça t’épate ?
— Pas du tout, au contraire, répliqua l’autre.
Ce n’était point, en effet, que nul au pays ne se doutât de la chose. Il y avait beau temps, au lavoir communal ou sous les auvents d’aisseaux qu’on échangeait d’oreille à oreille de petites réflexions et qu’on se faisait part d’observations particulières