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C’était trop beau pour durer. Quatre jours après, le 7 avril, à 8 heures du soir, l’ordre arrivait de partir immédiatement pour Fresnes-en-Woëvre, par une pluie battante. À Fresnes, la compagnie rassemblée au pied de la statue du général Margueritte, recevait l’ordre d’attaquer la côte 233 à 2 heures du matin. Et l’on se remettait en marche, à travers des marais, avec de l’eau jusqu’aux genoux.

À 2 heures exactement, Pergaud et les hommes de sa section, la première, sortaient de la tranchée de départ. La deuxième section était commandée par le sergent Louis Desprez, qui a raconté ainsi l’affaire :

Il faisait une nuit très noire. Quand les assaillants arrivèrent à proximité du réseau, la fusillade commença à crépiter. Sous les balles, nous entraînâmes nos hommes jusqu’aux fils de fer. Mais là, ils trouvèrent le réseau intact : impossible de passer. Trempés par la pluie, ils avaient perdu la direction et obliqué hors du secteur préparé par le génie. Les hommes et leurs chefs tentèrent de se frayer un chemin quand même à travers l’entre-croisement barbelé ; mais ils offraient une cible trop facile et ils finirent par prendre le parti de se coucher et d’attendre. Aux premières lueurs du