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UN PETIT LOGEMENT


— Alors, t’as bien réfléchi, tu ne veux pas me louer ta chambre du fond ? Une fois, deux fois…

— Non, non !

— Pour soixante francs ?

— Pas pour mille !

— Eh bien ! garde-la, ta hutte à cochons ; tiens, veux-tu que je te dise, tu ne vaux pas mieux que les autres et tu n’es qu’un feignant, toi aussi.

— Et toi, tu n’es qu’un malappris.

Crachant en signe de mépris dans la direction du seuil de son interlocuteur, Arsène Barit, dit Cacaine, quitta après une bordée de jurons le père Désiré et, dans le crépuscule tombant, reprit à pas lents la direction du logis qu’il occupait vers le haut du village.

Arsène Barit cherchait un logement.

À la Saint-Martin dernière, qui est l’un des deux termes de l’année paysanne, son propriétaire, Ferréol Tournier, l’avait, sans façons aucunes, prévenu qu’il en avait assez d’un locataire aussi mauvaise langue que lui et qu’il eût à songer à