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aperçoivent ce mouvement, reviennent à la charge et recommencent le combat. César, pour parer à ces deux attaques, fait opérer un changement de front (conversa signa bipartito intulerunt) à sa troisième ligne, l’oppose aux nouveaux assaillants, tandis que les deux premières lignes résistent aux Helvètes qui avaient déjà été repoussés[1].

Ce double combat fut long et acharné ; ne pouvant plus résister à l’impétuosité de leurs adversaires, les Helvètes furent obligés de se retirer, comme ils l’avaient déjà fait, sur la montagne du château de la Garde ; les Boïens et les Tulinges, vers les bagages et les chariots. Telle fut l’intrépidité de ces Gaulois pendant toute l’action, qui dura depuis une heure de l’après-midi jusqu’au soir, qu’aucun ne tourna le dos. Fort avant dans la nuit, on se battit encore autour des bagages. Les barbares s’étant fait un rempart de leurs chariots, les uns lançaient d’en haut leurs traits sur les Romains ; les autres, placés entre les roues, les blessaient avec de longues piques (mataræ ac tragulæ). Les femmes et les enfants prirent part au combat avec acharnement[2]. À la suite d’une lutte opiniâtre, on s’empara du camp et des bagages. La fille et l’un des fils d’Orgetorix furent faits prisonniers.

Cette bataille réduisit à cent trente mille individus l’émigration gauloise ; ils battirent en retraite dès le soir même, et, après avoir marché sans interruption jour et nuit, arrivèrent le quatrième jour sur le territoire des Lingons, vers Tonnerre (Voir planche 4) ; ils avaient sans doute passé par Moulins-Engilbert, Lormes et Avallon. Défense fut faite aux

  1. Dion Cassius (XXXVIII, xxxiii) dit à ce sujet que « les Helvètes n’étaient pas tous sur le champ de bataille, à cause de leur grand nombre et de la précipitation avec laquelle les premiers avaient attaqué. Tout d’un coup, ceux qui étaient restés en arrière vinrent assaillir les Romains, occupés déjà à poursuivre l’ennemi. César ordonna à sa cavalerie de continuer la poursuite ; lui-même, avec ses légions, se tourna contre les nouveaux venus. »
  2. Plutarque, César, xx.